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Page:Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions, et romans cabalistiques, tome 29, 1788.djvu/164

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Voyage

rées de chaînes d’œillets, de fleurs d’oranges & de jaſmins. Des ſièges de gazon très-propres régnoient tout autour du berceau ; & les bords de la ſource étoient garnis de ſoucoupes de criſtal & de porcelaine chargées de toutes ſortes d’eaux, de liqueurs & de glaces. Des corbeilles remplies de figues, d’abricots & de pêches, d’une beauté parfaite, ſéparoient les ſoucoupes : & cela faiſoit un effet ſi joli & ſi brillant, que notre étonnement nous empêcha long-tems de manger. Quelle eſt la fée, dis je en arrivant en ce lieu qu’on avoit rendu ſi aimable ; quelle eſt la fée favorable qui prend ainſi ſoin de nos plaiſirs ? C’eſt plutôt un enchanteur, ajouta le duc, ne doutant pas que ce ne fût le comte qui faiſoit cette galanterie à la marquiſe. Qu’importe, dit Bréſy ; il eſt bien sûr qu’on n’a pas envie de nous empoiſonner : c’eſt, peut-être, le dieu de la fontaine, ajouta-t-il en riant ; car je ne vois pas beaucoup de domeſtiques pour ſervir les dames. Cela eſt très-bien entendu, dit Sélincourt ; je voudrois en être l’inventeur : Il eſt vrai, reprit le chevalier, que la choſe eſt ſimple ; mais qu’elle a un air fort galant. Les dames prirent quelques taſſes de crême glacée, en louant cette petite décoration. La belle Orſelis étoit fâchée de connoître que ce n’étoit pas Chanteuil. La