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Page:Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions, et romans cabalistiques, tome 29, 1788.djvu/166

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Voyage

SECONDE PARTIE

Quand nous fûmes retournés à Sélincourt, on ſe ſouvint qu’il y avoit pluſieurs de nous qui n’avoient pas ſatisfait à la loi que nous nous étions impoſée, de conter quelques-unes de nos aventures ; on me fit grace en faveur de la folie que j’avois inventée pour chagriner madame de Talmonte ; &, dans la vérité, j’aurois eu peu de choſe à dire : ce fut le duc d… qui ce ſoir-là remplit ſon devoir. Il prit la parole ainſi : Si j’avois à vous faire le récit de ma vie depuis que je ſuis au monde, il faudroit, meſſieurs, y paſſer une partie de la vôtre. Je veux ſeulement vous dire une aventure qui m’eſt arrivée avec une fort jolie femme, il y a trois ou quatre ans. J’étois déja fort vieux ; mais l’amour n’a nul reſpect pour la vieilleſſe ; au contraire, il ſe réjouit ſouvent à la rendre ridicule. J’étois en commerce d’amitié avec une femme de beaucoup d’eſprit, qui donnoit dans la philoſophie ; je faiſois moi-même le philoſophe ; j’étois un cenſeur ſévère des plus jeunes amans : enfin je ne ſais comment on pouvoit me ſouffrir. Cette femme, que j’appellerai madame de Fercy, devint amie