Aller au contenu

Page:Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions, et romans cabalistiques, tome 29, 1788.djvu/19

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
3
de Campagne.

tions : toujours perſuadé qu’on ne peut ſe tromper en jugeant des choſes au pis, il n’admet guère de vertu que celle qui veut trop paroître ; ſon humeur eſt inégale ; ſouvent moral dans la dernière ſévérité, il paſſe en un moment dans un relâchement qui étonne ; d’autres fois gai avec excès, il paſſe tout d’un coup dans une triſteſſe qui ne lui fournit que des objets funeſtes : avec tout cela, il plaît infiniment.

Il fut un tems, madame, où ces louanges, accompagnées des vérités qui les ſuivent, n’auroient pas été de votre goût ; vous auriez voulu un portrait ſans ombre : aujourd’hui j’ai beſoin de ces mêmes vérités, pour vous faire ſupporter ce que je dis en la faveur.

Puiſque j’ai commencé à peindre, je vous dois donner une légère idée de tous les acteurs de la ſcène.

La marquiſe d’Arcire eſt belle, jeune, ſpirituelle & douce.

Une plus longue peinture vous ennuyeroit, & peut-être que voulant oublier que Sélincourt fût un amant infidèle, vous vous ſouviendrez trop bien que la comteſſe eſt une rivale préférée.

Madame d’Orſelis eſt une belle femme, trait pour trait ; elle a même beaucoup d’eſprit,

A ij