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Page:Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions, et romans cabalistiques, tome 29, 1788.djvu/39

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de Campagne

dame d’Arcire ne renonceroit point à ſon eſprit, & qu’il n’y avoit point de dame qui n’aimât mieux être ſoupçonnée d’avoir une paſſion, que d’être attaquée par ſon eſprit ou par ſa beauté. Bréſy, qui vit que ſa maîtreſſe commencoit à s’embarraſſer, vint à ſon ſecours, & lui dit qu’en tout cas, ſi ces entretiens étoient une faveur, comme il en voudoit bien convenir, par l’agrément qu’on y trouvoit, c’en étoit une ſi innocente, que ſi elle ne lui en faiſoit jamais de plus grandes, il n’auroit pas lieu de ſe vanter de ſes bontés.

Vous avez un air ſi prévenant & un mérite ſi ſupérieur aux autres, lui repartit le comte, qu’en effet madame eſt dans ſon tort, de n’avoir pas déja fait plus de chemin ; mais avec un peu de patience, ajouta-t-il fièrement, vous ferez des progrès tels…… Ah ! interrompis-je, monſieur le comte, ne mêlons point d’aigreur à nos railleries ; nous ne nous quittons point ; rien ne peut être ſuſpect dans nos actions ; ne troublons point l’innocence de nos plaiſirs ; & pour remettre le calme dans nos eſprits, danſons ſur le gazon comme les bergères au ſon des haut-bois. Le conte, honteux d’avoir marqué de la jalouſie, & voulant en donner à ſon tour, me prit d’un air galant pour aller danſer, & tout reprit une face riante.