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INTRODUCTION

métaux assignés à Mercure l’étincelant (στίλβων ; radians, d’après Pline ; apparence due à son voisinage du soleil), et à Jupiter le resplendissant (Φαέθων), ont varié davantage, comme je le dirai tout à l’heure.

Toutes ces attributions sont liées étroitement à l’histoire de l’astrologie et de l’alchimie. En effet, dans l’esprit des auteurs de l’époque Alexandrine ce ne sont pas là de simples rapprochements ; mais il s’agit de la génération même des métaux, supposés produits sous l’influence des astres dans le sein de la terre.

Proclus, philosophe néoplatonicien du Ve siècle de notre ère, dans son commentaire sur le Timée de Platon, expose que « l’or naturel et l’argent et chacun des métaux, comme des autres substances, sont engendrés dans la terre sous l’influence des divinités célestes et de leurs effluves. Le Soleil produit l’or ; la Lune, l’argent ; Saturne, le plomb, et Mars, le fer » (p. 14 C).

L’expression définitive de ces doctrines astrologico-chimiques et médicales se trouve dans l’auteur arabe Dimeschqî, cité par Chwolson (sur les Sabéens, t. II, p. 380, 396, 411, 544). D’après cet écrivain, les sept métaux sont en relation avec les sept astres brillants, par leur couleur, leur nature et leur propriétés : ils concourent à en former la substance. Notre auteur expose que chez les Sabéens, héritiers des anciens Chaldéens, les sept planètes étaient adorées comme divinités ; chacune avait son temple, et, dans le temple, sa statue faite avec le métal qui lui était dédié. Ainsi le Soleil avait une statue d’or ; la Lune, une statue d’argent ; Mars, une statue de fer ; Vénus, une statue de cuivre ; Jupiter, une statue d’étain ; Saturne, une statue de plomb. Quant à la planète Mercure, sa statue était faite avec un assemblage de tous les métaux, et dans le creux on versait une grande quantité de mercure. Ce sont là des contes arabes, qui rappellent les théories alchimiques sur les métaux et sur le mercure, regardé comme leur matière première. Mais ces contes reposent sur de vieilles traditions défigurées, relatives à l’adoration des planètes, à Babylone et en Chaldée, et à leurs relations avec les métaux.

Il existe, en effet, une liste analogue dès le second siècle de notre ère. C’est un passage de Celse, cité par Origène (Opera, t. I, p. 646 : Contra Celsum, livre VI, 22 ; édition de Paris, 1733). Celse expose la doctrine des Perses et les mystères mithriaques, et il nous apprend que ces mystères étaient expri-