Page:Collins - La Femme en blanc.djvu/241

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faire tomber en des mains étrangères. Je puis être malade ; je puis mourir. — Mieux vaut la brûler de suite, et compter, parmi tant d’autres, une anxiété de moins.

La voilà brûlée !… Les cendres de sa lettre d’adieu, — de la dernière, peut-être, qu’il m’adressera jamais, — voltigent dans le foyer, fragments noircis et méconnaissables. Est-ce donc là le triste dénouement de cette histoire si triste ?… Oh ! non, — bien certainement, non, tout n’est pas déjà fini entre nous !

« 29 novembre. » — On a commencé les préparatifs du mariage. La couturière est venue prendre les ordres qu’on avait à lui donner. Laura est tout à fait impassible, tout à fait étrangère à cette grande question qui intéresse si fortement la vanité personnelle des autres femmes. Elle abandonne toute initiative à la couturière et à moi. Si notre pauvre Hartright eût été à la place du baronnet, et que le choix paternel fût tombé sur lui, quelle autre attitude aurait eue ma sœur ! que de menues inquiétudes ! que de charmants caprices ! et que les faiseuses de robes, même les meilleures auraient eu de peine à la contenter !

« 30 novembre. » — Nous avons chaque jour des nouvelles de sir Percival. Sa dernière lettre nous apprend que pour achever convenablement les embellissements de son château, il lui faut encore de quatre à six mois. Si les peintres, les tapissiers, les marchands de meubles, donnaient le bonheur, comme ils donnent les dehors de la richesse, je prendrais peut-être quelque intérêt aux soins qu’ils prennent pour le futur séjour de Laura. Comme vont les choses, il n’y a qu’un passage de la lettre de sir Percival qui ne me laisse pas complètement indifférente aux plans et projets dont il nous entretient : c’est celui où il traite du voyage que feront les deux époux immédiatement après la noce. Vu la constitution délicate de Laura et les rigueurs extraordinaires dont nous menace l’hiver prochain, il propose d’emmener sa femme à Rome, et de rester en Italie jusqu’aux premiers jours de l’été qui