Page:Collins - La Femme en blanc.djvu/734

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persistance du hasard il se trouvait maintenant réalisé !

Les paroles qu’elle avait dites à Laura, sur les bords du lac, se trouvaient être une prophétie. « Oh ! si je pouvais être enterrée avec votre mère ! Si je pouvais m’éveiller à côté d’elle quand sonnera la trompette de l’ange, et quand les tombeaux rendront leurs morts à la résurrection ! » À travers combien de crimes et d’horreurs, et par quels obscurs détours de ce chemin qui la menait à la mort, la pauvre créature, guidée de Dieu, était arrivée à ce dernier asile que, vivante, elle avait désespéré d’atteindre ! À ce repos sacré, je l’abandonne ; — que ses restes demeurent en paix dans le redoutable voisinage, naguère appelé par ses vœux !

Ainsi s’enfonce dans les ténèbres impénétrables la forme spectrale qui a hanté ces pages comme elle hanta ma vie. Elle m’apparut, pour la première fois, comme un fantôme dans la nuit. Comme un fantôme, à présent, elle disparaît dans la solitude du tombeau.


III


Quatre mois s’écoulèrent. Avril revint ; — le mois du printemps ; le mois où tout change.

Depuis l’entrée de l’hiver, la marche du temps nous avait laissés, paisibles et heureux, dans notre résidence nouvelle. J’avais tiré parti de mes longs loisirs ; j’avais largement accru les sources de mon travail, et placé sur de plus sûres bases les ressources de notre existence. Marian se ranimait, délivrée de ces hésitations et de cette anxiété qui l’avaient si durement et si longtemps éprouvée ; l’énergie naturelle de son caractère commençait à se manifester de nouveau avec à peu près toute la liberté, toute la vigueur du temps jadis.

Plus facile aux changements que ne l’était sa sœur, Laura nous montrait aussi plus clairement les progrès qu’elle devait aux salutaires influences de sa vie nou-