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Page:Collins - La Pierre de lune, 1898, tome 1.djvu/148

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soit close, découvrir l’endroit où elle a quitté la berge. »

Nous avions parcouru environ deux cents mètres, lorsque le sergent tomba sur ses genoux comme saisi du désir de faire sa prière.

« Je reviens un peu sur le compte de votre paysage marin, dit-il, voici les pas d’une femme ! appelons-les ceux de Rosanna jusqu’à preuve contraire.

« Ce sont des pas bien embrouillés, veuillez le remarquer, mais embrouillés à dessein. Ah ! la pauvre créature, elle se rend compte aussi bien que moi de la délation du sable ! Mais elle paraît avoir été trop pressée pour effacer ses pas avec un complet succès…

« Voici une empreinte qui vient de Cobb’s Hole, et l’autre qui y retourne.

« Ne voyez-vous pas la pointe de son soulier allant droit vers l’eau, et plus bas deux talons tournés dans la direction opposée ? Je ne voudrais pas vous blesser dans vos sentiments, mais je crains que Rosanna ne soit fort rusée. Il semble qu’elle ait été décidée à gagner le lieu que nous venons de quitter, sans laisser aucune trace de sa marche sur le sable. En conclurons-nous qu’elle s’est mise dans l’eau d’ici à la pointe de rochers qui se trouve derrière nous, qu’elle est revenue par le même chemin, et a repris le rivage là où l’empreinte de deux talons est marquée ? Oui, c’est bien cela. Cela correspond à la pensée que j’avais qu’elle cachait quelque chose sous son manteau en quittant le cottage. Non pas un objet à détruire ! car, en ce cas, de quelle utilité seraient toutes ces précautions pour m’empêcher de connaître le but final de sa promenade ? Non, il faut plutôt supposer qu’elle avait quelque chose à cacher pour le conserver. Peut-être en nous rendant au cottage découvrirons-nous quelle était cette chose. »

Devant cette proposition, ma fièvre de recherches se calma soudain.

« Vous n’avez nul besoin de moi, dis-je, à quoi puis je vous servir ?

— Plus je cultive votre connaissance, monsieur Betteredge, repartit le sergent, plus vos vertus me frappent. De la modestie ? quelle rare qualité en ce monde ! et à quel degré vous la possédez ! Mais, en admettant que j’entre seul au