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bliant les usages, je le poussai afin de passer le premier, et de prendre moi-même mes informations.

Le valet de pied, Samuel, fut la première personne que je trouvai dans le passage. « Milady vous attend ainsi que M. le sergent, » me dit-il, avant que je pusse lui poser aucune question.

— Depuis combien de temps nous a-t-elle fait demander ? dit la voix du sergent derrière moi.

— Depuis environ une heure, monsieur. »

Encore la même coïncidence ! Rosanna était revenue, miss Rachel avait formé quelque projet extraordinaire, milady nous avait mandés ; et tout cela dans la dernière heure. Il n’était pas agréable de voir tant d’éléments divers se réunissant ainsi à point nommé. Je montai sans regarder le sergent, et sans lui parler, et ma main fut prise d’un tremblement quand je frappai à la porte de ma maîtresse.

« Je serais peu surpris, me dit tout bas le sergent, s’il survenait quelque esclandre cette nuit dans la maison. Ne vous effrayez pas ! j’ai mis une sourdine à bien d’autres esclandres de famille dans le temps ! »

Sur ces consolantes paroles, j’entendis la voix de lady Verinder, qui nous disait d’entrer.


CHAPITRE XVI


Nous trouvâmes milady sans autre lumière que celle de sa lampe à lire, dont l’abat-jour était baissé de façon à cacher sa figure.

Au lieu de nous regarder en face selon sa coutume, elle ne quitta pas la table, et tint ses yeux fixés sur un livre ouvert devant elle.

« Sergent, dit-elle, est-il important pour la perquisition que vous faites, d’être prévenu à l’avance qu’une personne habitant la maison désire la quitter ?