Elle attendit un instant après cela, puis regarda sa mère et soupira ; enfin, fixant de nouveau son regard sur M. Godfrey, elle reprit :
« Il paraît que nos affaires particulières ont occupé les journaux ?
— C’est vrai, et je le regrette.
— De plus, les propos des oisifs et des indifférents tendent à établir une corrélation entre ce qui a eu lieu dans le Yorkshire et les récents événements de Londres.
— Je crains que la curiosité publique ne prenne en effet cette direction.
— Les personnes qui disent que les trois inconnus qui vous ont assailli ne sont autres que les trois Indiens, ajoutent aussi que la pierre précieuse… »
Ici elle s’arrêta tout d’un coup ; elle était devenue de plus en plus pâle depuis un instant. La couleur foncée de ses cheveux rendait cette pâleur plus frappante par le contraste, et si effrayante à voir, que nous crûmes tous qu’elle allait s’évanouir au moment où elle suspendit sa question. Le cher M. Godfrey tenta de nouveau de se lever ; ma tante pria sa fille de ne plus parler, et moi je suivis ma tante avec l’offre modeste d’un flacon de sels. Aucun de nous n’eut la moindre influence sur cette nature rebelle.
« Godfrey, restez où vous êtes ; maman, il n’y a aucune raison pour vous effrayer ainsi. Clack, vous mourez d’envie d’entendre la fin de l’histoire, et je ne m’évanouirai pas, rien que pour vous être agréable. »
Ce sont là les paroles textuelles qu’elle prononça, et que je consignai dans mon journal aussitôt que je fus rentrée. Mais pourtant ne jugeons pas ; âmes chrétiennes, ne condamnez point.
Elle se retourna encore vers M. Godfrey avec une obstination pénible à voir, revint au même point où elle s’était arrêtée, et acheva ainsi sa question :
« Je vous entretenais il y a un instant des on-dit de certaines personnes. Répondez-moi franchement, Godfrey. Ces mêmes gens insinuent-ils que le joyau de M. Luker n’est autre que la Pierre de Lune ? »
Lorsque le nom du diamant vint à être prononcé, je vis mon estimable ami changer de couleur ; il rougit et perdit