écoutez-moi. Miss Clack, entendez ce que j’ai à dire ! Je connais la main qui a pris la Pierre de Lune. Je sais, et elle appuya extrêmement sur ce mot, je sais que Godfrey Ablewhite est innocent ! Menez-moi devant le magistrat, et j’en ferai le serment. »
Ma tante me serra la main et me dit à l’oreille :
« Placez-vous entre Rachel et moi, qu’elle ne puisse me voir. »
J’aperçus sur son visage une teinte bleuâtre qui m’effraya ; elle vit que j’étais saisie.
« Quelques gouttes de cette potion me remettront dans une minute ou deux, » dit-elle, en fermant les yeux et s’arrêtant un peu.
Sur ces entrefaites, j’entendis l’excellent M. Godfrey qui raisonnait toujours sa cousine :
« Il ne faut pas que vous soyez compromise dans une affaire semblable ; votre réputation, chère Rachel, est trop précieuse pour la risquer ainsi ; elle doit conserver toute sa pureté. »
Rachel éclata de rire.
« Ma réputation ! s’écria-t-elle ; mais je suis accusée, Godfrey, aussi bien que vous ! Le plus habile officier de police de l’Angleterre affirme que j’ai volé mon diamant. Demandez-lui son opinion, il vous dira que j’ai mis la Pierre de Lune en gage afin de payer mes dettes secrètes. »
Elle s’arrêta, et courut à travers la chambre se jeter aux pieds de sa mère.
« Oh ! maman, maman ! il faut que je sois folle, n’est-ce pas, pour ne pas avouer la vérité après cela ! »
Elle était trop emportée pour s’apercevoir de l’état de sa mère ; elle se releva presque aussitôt, et revint à M. Godfrey :
« Je ne vous laisserai jamais accuser et déshonorer par ma faute, ni vous ni aucun innocent. Si vous ne voulez pas me conduire chez le magistrat, préparez une déclaration constatant votre innocence et je la signerai. Faites comme je vous le dis, Godfrey, ou je l’enverrai aux journaux, j’irai plutôt la crier dans les rues ! »
Je craindrais d’affirmer que ce langage fût celui du remords : il vaut mieux supposer qu’elle avait une attaque de nerfs. Le trop indulgent M. Godfrey, pour la calmer, prit une feuille