Page:Collins - La Pierre de lune, 1898, tome 1.djvu/28

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mement, que Pénélope ferait bien, elle aussi, de se calmer et de laisser son père se reposer au soleil.

Ces divers points de vue me semblaient tous rationnels, mais si vous connaissez quelque chose à la manière de raisonner des jeunes femmes, vous ne serez pas surpris d’apprendre que Pénélope ne voulut accepter aucune de ces hypothèses. À en croire ma fille, la conclusion à tirer de l’incident était des plus graves.

Elle me ramena à la troisième question de l’Indien : « Le voyageur anglais l’a-t-il sur lui ? » Oh, mon père, dit Pénélope, joignant les mains, ne plaisantez pas là-dessus ! Que peut signifier l’a-t-il ?

— Ma chère enfant, nous le demanderons à M. Franklin lorsqu’il sera ici, si vous pouvez attendre jusqu’à son arrivée.

Je pris un air moqueur pour lui faire voir que je riais, mais Pénélope ne perdant pas son sérieux, commença à m’agacer les nerfs. — Que voulez-vous que M. Franklin en sache, au nom du bon Dieu, lui demandai-je ?

— Informez-vous-en auprès de lui, poursuivit Pénélope, et nous verrons s’il traitera mon récit de plaisanterie.

Sur ce dernier avertissement, ma fille me laissa à mes réflexions.

Je me proposais de questionner M. Franklin, rien que pour satisfaire Pénélope.

Je dirai plus tard le résultat de notre entretien ; mais comme je ne veux pas jouer avec votre légitime impatience, je vous préviens d’avance que vous ne trouverez pas l’ombre d’une plaisanterie dans la conversation que nous eûmes au sujet des jongleurs. À ma grande surprise, M. Franklin prit la chose comme Pénélope, très-sérieusement ; et vous jugerez jusqu’à quel point lorsque vous saurez que, selon lui, le mot l’a-t-il sur lui ? se rapportait à la Pierre de Lune !