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pensée d’une promenade à cheval ! Lui faire seller un cheval ! mais j’en aurais fait préparer une douzaine, s’il avait pu les monter tous à la fois !

Nous rentrâmes à la hâte, nous fîmes seller le cheval le plus rapide de l’écurie, et M. Franklin partit au grand galop, pour déposer encore une fois le maudit diamant dans le coffre-fort d’une banque.

Lorsque j’entendis s’éloigner le bruit du cheval, et que je me retrouvai seul dans la cour, je fus tenté de me demander si je ne sortais pas d’un rêve.


CHAPITRE VII


Tandis que, dans le trouble de mon esprit, j’aurais eu besoin d’un peu de repos pour me remettre d’aplomb, ma fille Pénélope se rencontra sur mon chemin exactement comme feu sa mère avait coutume de me croiser sur les escaliers ; et à l’instant même elle me somma de la mettre au courant de ce qui s’était passé entre M. Franklin et moi. Dans la situation présente, ma seule ressource était de mettre fin instantanément à la curiosité de Pénélope. Je lui répondis en conséquence que M. Franklin et moi nous étions entretenus de politique étrangère, jusqu’à ce que, fatigués tous deux, nous nous fussions endormis sous l’ardeur du soleil.

Essayez de ce genre de réponse près de votre fille ou de votre femme la première fois qu’elles vous ennuieront de questions embarrassantes, et il y a dix à parier contre un qu’avec la douceur caressante des femmes, elles s’empresseront de reprendre la même question à la plus prochaine occasion, tout en vous embrassant.

Milady et miss Rachel rentrèrent à la fin de la journée. Inutile de dire leur surprise en apprenant à la fois l’arrivée de M. Franklin et sa course subite à cheval. Bien entendu, elles aussi me posèrent des questions embarrassantes, et