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robaient à la vue parmi les arbres et les buissons de ce bois ; ils pouvaient aisément arriver à la route, en franchissant notre haie. Si j’avais eu quarante ans de moins, j’aurais eu la chance de les attraper avant qu’ils eussent quitté notre enceinte ; dans la conjoncture actuelle, il ne me restait d’autre ressource que d’aller chercher un renfort plus jeune.

Sans déranger personne, Samuel et moi nous nous munîmes de fusils, et nous fîmes le tour de la maison en passant par le taillis.

Nous nous assurâmes que personne ne rôdait sur le domaine, puis nous revînmes vers la maison. Pendant que je traversais l’allée où j’avais vu une ombre, j’aperçus sur le gravier un petit objet qui brillait au reflet de la lune. Je le ramassai, et je découvris que c’était un petit flacon, contenant une liqueur épaisse et odorante, aussi noire que de l’encre.

Je ne dis rien à Samuel ; mais me rappelant ce que Pénélope m’avait conté des jongleurs indiens, et de la cérémonie de l’encre versée dans le creux de la main de l’enfant, je soupçonnai sur-le-champ que j’avais dû déranger les trois Indiens dans quelque diabolique manœuvre, dont le but était de découvrit où se trouvait logé cette nuit le diamant.


CHAPITRE VIII


Je dois m’arrêter ici pour un moment. En rassemblant mes propres souvenirs, aidés du journal de Pénélope, je vois que nous pouvons passer rapidement sur l’espace de temps compris entre l’arrivée de M. Franklin et le jour de naissance de miss Rachel. La plupart de ces jours n’ont rien qu’on puisse citer.

Donc, avec votre permission et avec le secours de Pénélope, je noterai seulement quelques dates ainsi que les faits qui s’y rapportent, me réservant de reprendre mon journal