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avaient gagné sa confiance, en se conformant aux apparences du rite mahométan, et que ces trois hommes n’étaient autres que les prêtres déguisés.


III


Ainsi chacun se contait dans le camp l’histoire fantastique du diamant ; elle ne fit d’impression sérieuse que sur mon cousin, qui était disposé à y croire par son amour du merveilleux.

La nuit même de l’assaut donné à Seringapatam, il s’emporta ridiculement contre moi et contre d’autres camarades, pour avoir traité le tout de fable ; une dispute fâcheuse s’ensuivit, et l’irascible caractère d’Herncastle lui fit perdre son bon sens.

Il débita mille fanfaronnades, et dit que si l’armée anglaise prenait la ville, nous verrions tous le diamant à son doigt.

Un éclat de rire général salua cette déclaration, et l’affaire en resta là, du moins à ce que nous crûmes tous alors.

Arrivons au jour de l’assaut. Dès le commencement de l’action, mon cousin et moi fûmes séparés ; je ne le vis ni au passage de la rivière, ni lorsque le drapeau anglais fut planté sur la brèche, ni enfin au moment où, passant le fossé, nous entrâmes dans la ville, disputant chaque pouce de terrain à nos ennemis.

À la tombée de la nuit seulement, Herncastle et moi nous nous rencontrâmes après que, la place étant conquise par nos troupes, le général Baird eut trouvé lui-même le corps de Tippo sous un amas de morts et de mourants.

Nous faisions partie tous deux d’un détachement chargé par le général d’empêcher le pillage et les scènes de désordre inhérentes à la prise d’une ville ; les traînards du camp se livraient à de déplorables excès ; enfin, les soldats découvrirent malheureusement, par une porte non gardée, le chemin de la salle du Trésor, et, une fois qu’ils y eurent pénétré, s’y gorgèrent de joyaux et d’or.

Herncastle et moi nous nous trouvâmes réunis dans la cour extérieure du Trésor, cherchant à faire respecter la discipline par nos soldats. Je m’aperçus sur l’heure que la vio-