Page:Comédie humaine - Répertoire.djvu/475

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avoir « éreinté », dans le Réveil, un très beau livre de Daniel d’Arthez. Coralie morte, il partit, sans ressources, pour Angoulême à pied, avec vingt francs que Bérénice, la cousine et la servante de sa maîtresse, avait reçus d’amants de hasard. Il faillit mourir de fatigue et de chagrin, auprès de sa ville natale ; il y retrouva madame de Bargeton, devenue la femme du comte Sixte du Châtelet, préfet de la Charente, conseiller d’État. Accueilli d’abord par un article enthousiaste d’un journal local et par une sérénade de ses jeunes concitoyens, il quitta brusquement Angoulême, avec la pensée du suicide, désespéré d’avoir amené la ruine de son beau-frère David Séchard. Sur la route, il rencontra le chanoine Carlos Herrera (Jacques Collin-Vautrin), qui l’emmena à Paris et se chargea de sa fortune. En 1824, dans une soirée passée au théâtre de la Porte-Saint-Martin, Rubempré fit la rencontre d’Esther van Gobseck, dite la Torpille, alors fille soumise en sortie : le poète et la courtisane s’éprirent mutuellement d’une passion folle. Un peu plus tard, s’étant risqués au dernier bal de l’Opéra de l’hiver 1824, ils y auraient compromis et leur sécurité et leur bonheur, sans l’intervention de Jacques Collin, dit Vautrin et si Lucien ne s’était pas dérobé à certaines curiosités malveillantes, grâce à une promesse de souper chez Lointier[1]. La vie d’ambition et de plaisir de Lucien de Rubempré, aspirant à devenir le gendre des Grandlieu, accueilli des Rabourdin, protecteur de Savinien de Portenduère, amant de mesdames de Maufrigneuse et de Sérizy, aimé de Lydie Peyrade, se termina à la Conciergerie, où il fut détenu, comme auteur ou complice de la mort d’Esther et des vols commis chez elle, crimes dont il était innocent ; il se pendit dans sa prison, le 15 mai 1830 (Illusions perdues. — Les Employés. — Ursule Mirouet. — Splendeurs et Misères des Courtisanes). Lucien de Rubempré habita successivement à Paris l’hôtel du Gaillard-Bois, rue de l’Échelle, une chambre au quartier Latin, hôtel et rue de Cluny[2], un logement rue Charlot, un autre rue de la Lune, en compagnie de Coralie, un petit appartement rue Cassette, avec Jacques Collin, qui

  1. Le restaurant Lointier, situé rue Richelieu, en face de la rue de la Bourse, était fort à la mode vers 1846.
  2. C’est aujourd’hui le « Grand hôtel de Flandre et hôtel de Cluny », 8, rue Victor Cousin.