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LE SAUMON ET SES MIGRATIONS

La masse fut soigneusement recueillie avec les intestins et mise dans un flacon, qui fut ensuite rempli de bon brandy. Je présume que ce spécimen dut être emporté en Angleterre pour probablement faire partie d’une collection où, pour ce que j’en sais, il doit encore figurer.

Je n’ai jamais plus entendu parler de l’incident.

Depuis ce jour-là, j’ai ouvert des milliers de saumons pris à la mer, en rivières et dans des lacs. Dans ceux pris à l’eau salée, j’ai trouvé du hareng, du petit maquereau, de jeunes dragonets, deux variétés de crevettes, dont l’une très petite, et, une fois, deux jeunes carrelets mesurant environ trois pouces de long, dans l’estomac du même saumon. Parfois on découvre chez quelques-uns une espèce de ver de mer de couleur bleuâtre.

Toutes ces constatations, cependant ne se rapportent qu’à de rares exceptions, car la nourriture ordinaire et quotidienne du saumon semble être le capelan et l’anguille de sable.

À l’eau douce, je dois dire que, de fait, le saumon ne mange pas. Sur plusieurs milliers que j’ai examinés, pris à la mouche, au filet, au harpon ou d’autres manières, je n’en ai trouvé que quatre dont l’estomac contenait des aliments visibles ; deux d’entre eux, pris à la ligne en juillet avaient happé chacun une stone-fly, insecte de couleur grisâtre avec des taches jaunes sur le ventre et de longues ailes, mesurant un pouce et demi. Dans un autre que j’harponnai en novembre, je découvris une partie d’un mulot comprenant peu de poil, une patte de derrière et un petit fragment de vertèbre ; tout le reste de l’ossature manquait.

Dans un lingard (kelt) pris dans un filet à truite vers le commencement de mai, il y avait un morceau de gras avec un lambeau de peau, qui paraissaient provenir