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PREMIÈRES ANNÉES

avec précaution sur le sol, j’en ai souvent pris à la main juste au moment où ils s’apprêtaient à sortir du nid. En moyenne, il y avait de cinq à sept magnifique gros œufs par nid, mais dans quelques cas, on en comptait davantage ; mais dix œufs est le plus que j’aie jamais trouvés.

J’étais assez chanceux dans cette sorte de chasse, parce que, grâce à ma petite taille, je pouvais me glisser avec aisance dans l’épaisseur des brousailles. Quand nous en avions assez d’opérer la cueillette des œufs, nous faisions le coup de fusil. Tout ce que nous avions à faire était de nous asseoir tranquilles sur la pointe d’un rocher, près du rivage. Les oiseaux nous passaient par centaines au-dessus de la tête. Si nous voulions tirer à la cendrée, il nous était facile de nous approcher des grandes bandes d’oiseaux sur les rochers ou à fleur d’eau. Même avec les petites charges que nous étions forcés de mesurer à des fusils d’aussi petit calibre, il nous arrivait souvent d’abattre vingt oiseaux et davantage d’un seul coup.

Il y avait régulièrement au poste un lot de fusils de rechange et comme c’étaient tous des fusils à pierre, à un seul coup, nous en prenions chacun trois ou quatre pour les recharger aussi vite que possible après chaque coup. Lorsque l’un d’eux s’encrassait trop pour être de service, ce que l’on constatait chaque fois que la baguette commençait à coller dans le canon, nous le mettions de côté jusqu’à ce que tous fussent ainsi encrassés. Alors nous faisions bouillir une grande chaudronnée d’eau fraîche, nous nettoyions toutes nos armes et nous recommencions.

La moitié d’un canot d’oiseaux, voilà à peu près ce que d’ordinaire nous rapportions ; il pouvait y en avoir environ de quatre à cinq cents ; moyacs, macreuses, macareux, guillemots, mouettes etc. Rien ne se perdait de cette masse d’oiseaux. Ce qu’on