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NOTRE VOYAGE DE RETOUR

frère à Québec. Inutile de dire que le compte du Dr  Ahern fut loin d’être excessif. On peut vraiment dire de lui : « Sa main gauche ignore ce que fait sa main droite » .

À 11 heures de matinée, dimanche, 7 février, nous partions de Québec à la raquette, en descendant sur la glace dans le voisinage de la gare du chemin de fer du Pacifique, et nous piquions droit sur Château-Richer. Bon nombre de nos amis nous accompagnèrent jusque sur la glace. Quand nous descendîmes la côte du Palais, nombre de gamins irlandais nous acclamèrent chaleureusement. C’est ainsi qu’au milieu des bons souhaits de tout le monde nous fîmes nos adieux à la vieille capitale.

Nous arrivions vers une heure de l’après-midi à Château-Richer. Comme le jeune Labrie se sentait quelque peu fatigué et qu’il avait soif, nous décidâmes de faire un arrêt de quelques moments et de prendre une tasse de thé.

Nous portions chacun un fusil, nos fusils de chasse au loup-marin que nous ramenions avec nous, et un sac de dix-huit livres pesant. Aux renseignements que nous demandâmes, on nous indiqua une maison de pension tenue par M. Lefrançois. Lorsque nous entrâmes dans la maison, armés comme nous étions, notre mine ne parut pas causer au propriétaire une impression favorable. Je lui demandai si nous pouvions avoir une tasse de thé.

— Hum ! fit-il, c’est aujourd’hui dimanche, et c’est après l’heure des repas, mais je vais voir ma femme et je m’en vas vous dire ça.

Environ cinq minutes après, il revint et je vis à sa mine qu’il n’y avait pas beaucoup d’espoir d’avoir quelque chose. Sans répondre à ma question, il s’assit et nous demanda d’où nous venions et pourquoi nous avions autant de fusils. Je lui répondis