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NOTRE VOYAGE DE RETOUR

que nous étions partis de Québec le matin même, mais que nous étions des habitants de la Côte Nord et que nous retournions chez-nous.

— Comment, s’écria-t-il, serait-il possible que vous seriez les gens qui ont tant souffert en traversant le Saint-Laurent ?

Il n’eut pas plutôt eu notre réponse qu’il courut chercher sa femme pour nous la présenter et lui dire de se dépêcher à nous préparer quelque chose à manger. En peu de temps on nous servit un excellent dîner. À la demande de M. Lefrançois je lui fis un court récit de notre voyage. Il me demanda l’adresse de mon frère à Québec. J’appris plus tard qu’il lui fit deux ou trois visites. À son grand regret nous dûmes refuser l’offre qu’il nous fit de coucher chez lui, car nous voulions nous rendre à Sainte-Anne, où j’avais déjà fait des arrangements pour notre transport. Nous ne pûmes persuader M. Lefrançois d’accepter quelque chose pour le trouble que nous lui avions causé, de sorte qu’après l’avoir cordialement remercié, nous lui fîmes nos adieux.

Xavier Paré, notre automédon, s’était engagé à nous conduire en carriole de Sainte-Anne à la Malbaie pour la minime somme de douze piastres. À notre arrivée à Sainte-Anne il nous expliqua qu’il nous chargeait que bien peu en dessus de ses dépenses de voyage, et qu’il espérait que nous n’aurions pas d’objection à marcher dans les mauvaises côtes. Nous acceptâmes de suite, accoutumés que nous étions à la marche, mais le lendemain nous constations que, pratiquement, il n’y avait que des côtes et que nous étions presque tout le temps à pieds ; ce à quoi je ne fis aucune objection, car je trouvais plus confortable de marcher que de rester assis tranquillement dans une carriole et à me laisser engourdir par le froid.