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ix. — anthropologie et ethnographie

circonstances ; les grands évènements sont toujours dûs à la nécessité.

Ainsi il ne faut pas s’expliquer les migrations des peuples par le penchant qu’auraient certaines tribus nomades pour la migration, ni par les aspirations de quelques grands hommes. Pour qu’un peuple abandonne le foyer de ses ancêtres, pour que, ravageant tout sur son chemin, il aille à la conquête d’une nouvelle patrie, il faut des causes bien plus profondes. Combien de peuples ont ainsi entièrement disparu du champ de l’histoire, combien ont échoué dans leurs efforts pour trouver une meilleure patrie, et, forcés de retourner, ont trouvé que l’ancien nid était pris ! Alors ils se remirent en chemin et se perdirent dans le tourbillon des peuples. Décidément, il faut qu’il y ait des raisons importantes pour forcer les peuples à se soumettre à une destinée si amère.

Les vallées du Caucase, si difficiles à aborder, sont comme des coins de rochers au bord de quelque mer grondante. Bien des restes de peuples ont été jetés là par les ondes orageuses de l’histoire, et ont ainsi été sauvés de l’anéantissement. Les récentes recherches historiques, surtout le développement qu’ont pris nos connaissances sur l’Asie centrale, nous offrent de nouvelles perspectives sur ce terrain. Nous autres Hongrois, nous sommes influencés — paraît-il — par l’intérêt traditionnel qui a toujours enthousiasmé les milieux scientifiques, car le problème de notre origine est étroitement lié à cette question.

Aussi l’activité d’explorateurs hongrois vient de jeter une vive lumière sur ces pages les plus obscures de l’histoire universelle. L’expédition du comte Széchenyi a enrichi nos connaissances sur la nature de l’Asie centrale et sur la manière de vivre de ses habitants ; M. G. Almásy nous a donné d’intéressants détails sur la vie des nomades ; M. A. Stein enfin, nous en a donné la clef par ses recherches sur les ruines dispersées dans les déserts de Takla-Makan ; sans mentionner l’expédition Zichy, ni les recherches de Vambéry, ni celles d’autres voyageurs plus anciens dont nous connaissons les mérites immortels.

Les prudents trouveront peut-être trop prompts mes efforts pour grouper les faits singuliers découlant des résultats obtenus,