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jenö de cholnoky

de manière à y trouver quelque éclaircissement sur les migrations des peuples. Mais l’effet des nouvelles idées est incontestable, l’image qu’elles nous permettent d’esquisser est si séduisante, qu’il m’est impossible de ne pas la peindre.


L’Asie est étroitement liée à l’Europe, et aucune raison scientifique ne justifiera leur séparation. Une tradition historique seule les a séparées, mais, dès à présent, nous les réunirons toujours sous le nom d’Eurasie. L’Europe, ainsi que les Indes ou l’Asie orientale et la Sibérie, ne sont que des portions périphériques du grand continent dont le tronc est pour la plus grande partie occupé par des terrains sans écoulement, au climat sec et désertique. Il nous mènerait trop loin si je voulais traiter plus particulièrement de cette division du climat ; je ne puis, ici, qu’effleurer la question.

L’Eurasie est un continent où l’hiver et l’été se succèdent avec régularité sur toute son étendue, c’est-à-dire qu’il y a des saisons où la surface gagne plus de chaleur qu’elle n’en perd par l’irradiation, et d’autres saisons où la perte est plus grande que le gain : de là résulte une alternative régulière des courants d’air. Cette alternative s’appelle la mousson, et l’on sait que l’hiver ce vent souffle de l’intérieur du continent vers la mer, et qu’en été il vient de la mer et se dirige vers l’intérieur du continent.

Il va sans dire que ce vent centrifuge d’hiver cause dans l’Asie centrale un temps froid et relativement sec. Le vent d’été au contraire vient de l’océan, chargé d’humidité, et tout en inondant partout les périphéries d’énormes précipités, il semble déjà épuisé en arrivant au centre de l’Asie, car il lui faut passer sur les montagnes et par conséquent il sera föhn, c’est-à-dire un vent sec descendant d’une montagne.

De cette manière l’intérieur de l’Eurasie a l’hiver toujours rigoureux, mais — à part les grandes montagnes, qui ont même au milieu du Sahara un climat pluvieux — il y a relativement très peu de pluie ou de neige. En été, alors, il règne dans ces mêmes terrains une chaleur brûlante ; mais il y a à peine quelque précipité. Ce n’est que sur les grandes montagnes que la