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x. — géographie économique et sociale

Un œil exercé ne s’en tiendra pas à cette modalité générale. Dans la sculpture à laquelle se livrent incessamment les divers agents d’érosion, chacun avec sa manière propre de procéder, il y a des différences qui tiennent non seulement à l’inégale dureté des matériaux, mais à l’usure antérieure qu’ils avaient déjà subie, et qui, si elle s’est longtemps prolongée, les a désormais rendus moins sensibles aux agents du modelé, moins capables d’en ressentir les effets destructeurs. Il y a différences d’âge, autant que différences de roches. L’uniformité générale des lignes, en Bretagne, par exemple, est l’expression de cette usure prolongée. Mais là comme ailleurs des lambeaux-témoins restent en saillie. Telle colline isolée, telle butte, dans nos campagnes d’Île-de-France, ne se coordonne-t-elle pas avec une ligne de niveau en partie atrophiée ou rongée ? Telle vallée actuelle ne s’inscrit-elle pas dans une vallée plus grande, dont quelques linéaments subsistent ? Autant de questions qui se dressent en face des lieux ; autant d’analyses qui se justifient d’elles-mêmes à mesure qu’on se rend mieux compte que la plupart des surfaces que nous avons sous les yeux, sont des surfaces ayant subi l’action des âges et en portant les stigmates.

Il y a des paysages où la ligne domine, où tout, comme dans un temple grec, lui est subordonné : tels certains paysages du Sahara ou du Colorado, où la couleur ne fait qu’accentuer le dessin des lignes. Mais en général l’eau, la vie végétale, les œuvres de l’homme se combinent avec les linéaments du relief pour composer l’image qu’encadre l’horizon : l’eau, sous toutes ses formes et avec les phénomènes météoriques qu’elle engendre ; la végétation, avec ses associations, ses caractères hygrophiles ou xérophiles, etc. Contentons-nous d’indiquer ces riches matières d’observations. Je laisse aux botanistes-géographes le soin de montrer les influences que l’eau, les différences de terrain, le voisinage de la mer exercent sur le manteau végétal. Mais, marchant à leur suite, je me propose de chercher si quelque trace de cet enchaînement se manifeste aussi dans les œuvres de l’homme.

II. — Sans tomber dans un excès de déterminisme qui ne serait pas moins fallacieux que son contraire, on peut affirmer