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Page:Comptes-rendus des séances de l’année 1928.djvu/188

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COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS

du parchemin au papyrus[1]. Quelques actes privés, en très petit nombre, ont encore été écrits sur cette dernière matière jusque vers la fin du viiie siècle. C’est le cas par exemple d’une lettre de Maginarius abbé de Saint-Denis à Charlemagne, en 787, lettre écrite d’ailleurs non point en Gaule mais en Italie[2]. Il est certain qu’à cette époque ce que l’on pourrait appeler le « stoc » de papyrus existant au nord des Alpes ne se renouvelait plus[3]. La preuve peut en être fournie par le fait qu’au ixe siècle le verso d’actes sur papyrus datant de l’époque mérovingienne servit çà et là à la transcription de chartes.

À elles seules, ces constations de l’emploi du papyrus jusqu’à la fin du viie siècle ne nous autoriseraient pas à conclure que l’usage en était très répandu. On pourrait croire que la chancellerie royale et les particuliers n’y ont eu recours que sous l’empire de la tradition romaine et pour se conformer à celle-ci, H. Bresslau n’hésite pas à affirmer qu’au vie siècle le papyrus ne devait se trouver en Gaule qu’en quantité très médiocre[4].

Mais à consulter les textes, on se persuade au contraire qu’il faisait l’objet d’une importation singulièrement

  1. Prou, Manuel, p. 9. Cf. W. Erben, Papyrus und Pergament in der Kanzlei der Merowinger. Mitteilungen des Instituts für oesterreichische Geschichtsforschung, t. XXVI (1905), p. 123 et suiv. Le dernier privilège royal sur papyrus serait de 692.
  2. Tardif, Monuments historiques, p. 66. On sait que l’emploi du papyrus subsista en Italie jusqu’au milieu du xie siècle. Ce papyrus provenait soit de Sicile, où les Arabes en introduisirent la fabrication au xe siècle, soit de Venise, par la navigation que cette ville entretenait avec l’Égypte malgré la défense du pape de trafiquer avec les infidèles. Wattenbach, Das Schriftwesen im Mittelalter, 3e édit., p. 110, suppose que son usage se perpétua grâce à d’anciens approvisionnements.
  3. Il n’y a plus de livres écrits sur papyrus après le viie siècle. C. Paoli, Del papiro specialmente considerato come materia che ha servito alla scrittura, p. 36. (Pubblicazioni del R. Istituto di studi superiori in Firenze, 1878).
  4. Urkundenlehre, t. I, p. 883. Le texte de Grégoire de Tours, Hist. Franc., V, 5, sur lequel il s’appuye, indique précisément le contraire.