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Page:Comptes-rendus des séances de l’année 1928.djvu/189

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COMMERCE DU PAPYRUS EN GAULE

active. D’Égypte, les bateaux syriens en alimentaient le port de Marseille d’où il se répandait à l’intérieur du pays jusqu’aux confins septentrionaux de la monarchie franque. Il constituait, avec les épices, un des objets les plus importants du commerce méditerranéen[1]. C’était, pour les hommes de ce temps, un article d’autant plus courant qu’il ne servait pas seulement à l’écriture, mais qu’on l’employait aussi à la fabrication des chandelles et des mèches de veilleuses. Plusieurs passages de Grégoire de Tours nous montrent qu’à cet égard la Gaule mérovingienne conservait fidèlement les procédés de l’antiquité[2]. Et il résulte jusqu’à l’évidence de ces emplois domestiques de papyrus que son prix devait être très faible et, par conséquent, son abondance très considérable.

Cette abondance correspond elle-même à une très large diffusion de l’écriture et elle nous obligerait à l’admettre si elle n’était d’ailleurs attestée de la manière la plus probante. Sans doute on ne possède que très peu de chose des documents rédigés à l’époque mérovingienne. Et cela ne peut étonner personne. Le papyrus sur lequel ils étaient tracés est une matière fragile et d’une conservation malai-

  1. Grég. Tur., Hist. Franc., V, 5 : « O si te habuisset Massilia sacerdotem. Numquam naves oleum aut reliquas species detulissent nisi cartam tantum, quo majorem opportunitatem scribendi ad bonos infamandos haberes ». Il semble au contraire que le parchemin (membrana) à l’époque mérovingienne n’était employé que dans les monastères et était préparé par les moines eux-mêmes (Grég. Tur., Vitae patrum, éd. Krusch, p. 742). Il n’était donc pas un article de commerce. Il faut remarquer de plus que Grégoire dans l’ensemble de son œuvre ne le mentionne qu’une seule fois.
  2. Grég. Tur., De virtutibus sancti Martini, III, 50 : « candelas ex cera ac papiro formatas » ; Liber in gloria martyrum, 103 ; Liber vitae Patrum, 8. Aldhelm, De Virginitate (Mon. Germ. Hist. Auct. Antiq., t. XV p. 271) : « et papirus in centro (olei) positus velut fomes arvina vel sevo madefactus solito clarius lucesceret ». Cf. pour les temps antérieurs, Paoli, Del papiro, p. 34. On doit sans doute expliquer par cet usage le portugais pavio = mèche de chandelle, et l’espagnol despabilar = moucher une chandelle.