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COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS

sée. À part quelques très rares originaux, nous ne connaissons plus les actes de cette époque que par des copies sur parchemin effectuées dans les siècles suivants ; mais il va de soi que l’on ne s’est soucié de transcrire sur parchemin que les actes dont le contenu présentait une valeur pratique par les droits qu’ils conféraient à leurs destinataires. Tout le monde sait que presque tous ceux qui sont venus jusqu’à nous consistent en donations de terres ou de privilèges ou se rapportent à l’organisation ecclésiastique. Or, on peut affirmer qu’ils ne constituent qu’une infime minorité dans l’ensemble des écrits du temps. À la différence de l’administration carolingienne, l’administration des rois mérovingiens avait conservé des restes de l’administration bureaucratique de l’Empire Romain. Si déchue qu’on veuille la supposer, elle comportait cependant un personnel considérable de scribes laïques qui s’étaient initiés dans les écoles de grammaire et de rhétorique, tout au moins à la connaissance de l’écriture et du calcul. C’est eux qui dressaient les registres de l’impôt[1], tenaient les comptes des tonlieux, servaient de greffiers auprès des tribunaux, rédigeaient la correspondance administrative et la multitude d’actes de toutes espèces dont nous ne connaissons plus l’existence que par les recueils de formules compilés à leur usage. Les villes en employaient de leur côté à l’enregistrement dans les Gesta municipalia. On en rencontrait d’autres dans l’entourage des évêques[2] et il s’en trouvait sans doute dans

  1. Il suffira de renvoyer ici aux nombreuses mentions des registres royaux faites par Grégoire de Tours et que Krusch a signalées dans son édition au mot regestum de l’index. Non seulement le roi, mais les évêques avaient de ces registres. Grég. Tur., Hist. Franc., X, 19.
  2. Grég. Tur., Hist. Franc., X, 19 : « sed puer ejus (episcopi) familiaris adfuit, qui haec notarum titulis per thomus chartarum comprehensa tenebat, unde non dubium fuit residentibus, haec ab eodem directa ». De virtutibus sancti Martini, IV, 10 : « Bodilo unus de notariis nostris cum stomachi lassitudine animo turbatus erat, ita ut nec scribere juxta consuetudinem nec excipere, et quae ei dictabantur vix poterat recensere ».