Page:Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences, tome 001, 1835.djvu/259

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

» Il faut quelquefois nettoyer la pierre de l’argile molle adhérente, pour voir bien les traces. C’est toujours le dessous de la patte, la face inférieure, qu’on voit. L’animal a donc fait l’empreinte dans l’argile (c’était probablement un marais) ; il est venu après un torrent de sable délayé dans l’eau ; ce torrent a couvert toute la contrée, et s’est insinué dans les empreintes : c’est pourquoi, après l’endurcissement du sable, le grès formé dans ces empreintes a dû adhérer à la couche supérieure, et y produire les traces saillantes. Ce n’est que dans cette seule couche qu’on a trouvé des traces ; jamais on ne les a vues, ni dans le grès supérieur, ni dans le grès inférieur qu’on a exploité.

» Il est facile de distinguer les pattes de quatre espèces d’animaux différens ; mais je ne parlerai que de celles qui sont les plus communes. J’en ai vu presque une centaine.

» On trouve toujours deux pattes ensemble ; une de derrière, la plus grande, d’environ 18 centimètres (6 pouces) de longueur, et une de devant, presque de moitié plus petite. Elles ont cinq doigts. Le pouce est éloigné des autres quatre doigts, sous un angle presque droit. Les deux pouces d’une paire de pattes sont dirigés toujours du même côté ; mais les pouces de la paire suivante sont dirigés du côté opposé : l’animal a donc marché l’amble. Un fait extraordinaire, c’est que les paires de pattes se suivent dans une ligne droite ; il faut donc dire que les animaux aient marché en fauchant.

» M. Wiegmann, qui a vu la pierre couverte de traces que M. Weiss avait fait apporter à Berlin au mois de mai, et qui en a donné une notice dans son Journal d’Histoire Naturelle, range les animaux auxquels ont appartenu ces pattes, dans la classe des mammifères ; M. le comte de Munster, au contraire, dans la classe des amphibies. La dernière opinion me semble préférable à l’autre. Tous les mammifères à pouce éloigné des autres doigts, sont plantigrades ; et ici, l’on ne voit pas le moindre vestige du tarse, même dans les endroits où l’animal paraît avoir glissé. Les batraciens ont très souvent le pouce éloigné des autres doigts, sans tarse proéminent ; les pattes de devant sont quelquefois plus petites que les pattes de derrière ; les salamandres marchent l’amble, et s’il n’y a pas de batraciens qui marchent en fauchant, les caméléons ont cette marche, non-seulement sur les arbres, mais aussi sur la terre. Voici les raisons qui me font croire que les animaux dont il est question, ont été des batraciens ou des sauriens gigantesques.

» Ceux qui ont vu ces traces, surtout dans leur gîte, ne penseront plus