Page:Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences, tome 042, 1856.djvu/140

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un commerçant, un industriel, sur les canaux et les ratières de notre pays, ont été réunis avec soin dans ce volume. C’est une compilation aussi exacte qu’on le puisse désirer d’une foule de documents administratifs : mais tout l’intérêt qu’elle présente, toute l’utilité qu’on y trouvera certainement ne peuvent lui ôter-ce caractère, et par conséquent ne peuvent la placer au même rang que les travaux qui présentent des parties tout à fait originales. On pourrait même, en se plaçant rigoureusement au point de vue statistique, exiger davantage de la forme donnée par l’auteur à ses résultats. Quoi qu’il en soit, il a paru digne d’une mention honorable.

Jusqu’à quel point vos concours doivent-ils être considérés comme embrassant des Rapports et des Mémoires administratifs ? C’est une question délicate que votre Commission ne veut nullement regarder comme résolue par la mention honorable qu’elle fait ici de l’ouvrage dont le titre précède, et de celui que M. de Watteville a présenté pour le concours. Ce dernier est un Rapport à S. E. le Ministre de l’Intérieur, sur l’administration des bureaux de bienfaisance et sur la situation du paupérisme en France.

Les 1162 tableaux réunis par M. de Watteville font connaître, pour tous les départements de la France, la situation financière des bureaux de bienfaisance, et le nombre des indigents secourus ou plutôt inscrits sur les registres de ces bureaux. Mais il y a bien loin de cet indice à la connaissance véritable de la situation du paupérisme en France. Pour peu qu’o’n ait étudié les diverses parties de notre pays, on s’aperçoit combien les tableaux officiels envoyés par chaque préfecture, et réunis par l’auteur, sont peu propres à fournir des idées exactes qu’ils sont censés indiquer. Telle partie du territoire qui prétend ne pas tolérer de mendiants, en contient très-certainement encore ; telle autre partie qui a laissé porter un septième de sa population sur la liste du bureau de bienfaisance, fait savoir en même temps qu’il n’est rien donné à la plupart des personnes qualifiées du nom d’indigents. On révèle par cela même que des causes étrangères à l’indigence viennent grossir abusivement les listes dont il s’agit. L’auteur explique, au surplus, qu’il n’a pas entendu donner la proportion rigoureuse des indigents, mais qu’il a cru approcher plus près de la vérité que ses prédécesseurs en regardant le nombre des pauvres comme une quatrième proportionnelle à la population de la France, aux indigents des communes qui possèdent des bureaux de bienfaisance, et à la population des communes qui n’ont pas de bureaux. On peut concevoir une opinion peu favorable à cette proportion, lorsqu’on arrive à lire le fait le plus saillant que l’auteur ait mis en lumière : c’est que dans les neuf à dix mille bureaux les registres contiennent