Page:Comte - Discours sur l’esprit positif.djvu/64

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tion à un ordre quelconque de phénomènes. En effet, les seuls principes vraiment généraux que l’on puisse établir à cet égard se réduisent nécessairement, comme il est aisé de le vérifier sur les plus célèbres de ces aphorismes, à quelques maximes incontestables mais évidentes, empruntées à la raison commune, et qui n’ajoutent vraiment rien d’essentiel aux indications résultées, chez tous les bons esprits, d’un simple exercice spontané. Quant à la manière d’adapter ces règles universelles aux divers ordres de nos spéculations positives, ce qui constituerait la vraie difficulté et l’utilité de tels préceptes logiques, elle ne saurait comporter de véritables appréciations que d’après une analyse spéciale à la nature propre des phénomènes considérés. La saine philosophie ne sépare donc jamais la logique d’avec la science ; la méthode et la doctrine ne pouvant, en chaque cas, être bien jugées que d’après leurs vraies relations mutuelles : il n’est pas plus possible, au fond, de donner à la logique qu’à la science un caractère universel par des conceptions purement abstraites, indépendantes de tous phénomènes déterminés ; les tentatives de ce genre indiquent encore la secrète influence de l’esprit absolu inhérent au régime théologico-métaphysique.

Considérée maintenant sous l’aspect historique, cette intime solidarité naturelle entre le génie propre de la vraie philosophie et le simple bon sens universel, montre l’origine spontanée de l’esprit positif, partout résulté, en effet, d’une réaction spéciale de la raison pratique sur la raison théorique, dont le caractère initial a toujours été ainsi modifié de plus en plus. Mais cette transformation graduelle ne pouvait s’opérer