Page:Comte - Discours sur l’esprit positif.djvu/74

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nable, à dégénérer en de vaines luttes personnelles, de plus en plus misérables. Telle est l’heureuse efficacité pratique que l’ensemble de notre situation révolutionnaire procure momentanément à une école essentiellement empirique, qui, sous l’aspect théorique, ne peut jamais produire qu’un système radicalement contradictoire, non moins absurde et non moins dangereux, en politique, que l’est, en philosophie, l’éclectisme correspondant, inspiré aussi par une vaine intention de concilier, sans principes propres, des opinions incompatibles.


D’après ce sentiment, de plus en plus développé, de l’égale insuffisance sociale qu’offrent désormais l’esprit théologique et l’esprit métaphysique, qui seuls jusqu’ici ont activement disputé l’empire, la raison publique doit se trouver implicitement disposée à accueillir aujourd’hui l’esprit positif comme l’unique base possible d’une vraie résolution de la profonde anarchie intellectuelle et morale qui caractérise surtout la grande crise moderne. Restée encore étrangère à de telles questions, l’école positive s’y est graduellement préparée en constituant, autant que possible, pendant la lutte révolutionnaire des trois derniers siècles, le véritable état normal de toutes les classes plus simples de nos spéculations réelles. Forte de tels antécédents, scientifiques et logiques, pure d’ailleurs des diverses aberrations contemporaines, elle se présente aujourd’hui comme venant enfin d’acquérir l’entière généralité philosophique qui lui manquait jusqu’ici : dès lors, elle ose entreprendre, à son tour, la solution, encore intacte, du grand problème, en transportant convenablement aux études finales la même régénéra-