Page:Comte - Discours sur l’esprit positif.djvu/78

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et nous retrouvons aujourd’hui l’équivalent parmi nos psychologues ou idéologues ; aucune des doctrines controversées n’ayant pu, pendant ces vingt siècles de stériles débats, aboutir à des démonstrations décisives, pas seulement en ce qui concerne l’existence des corps extérieurs, encore aussi problématique pour les argumenteurs modernes que pour leurs plus antiques prédécesseurs. C’est évidemment la marche continue des connaissances positives qui a inspiré, il y a deux siècles, dans la célèbre formule philosophique de Pascal, la première notion rationnelle du progrès humain, nécessairement étrangère à toute l’ancienne philosophie. Étendue ensuite à l’évolution industrielle et même esthétique, mais restée trop confuse envers le mouvement social, elle tend aujourd’hui vaguement vers une systématisation décisive, qui ne peut émaner que de l’esprit positif, enfin convenablement généralisé. Dans ses spéculations journalières, il en reproduit spontanément l’actif sentiment élémentaire, en représentant toujours l’extension et le perfectionnement de nos connaissances réelles comme le but essentiel de nos divers efforts théoriques. Sous l’aspect le plus systématique, la nouvelle philosophie assigne directement, pour destination nécessaire, à toute notre existence, à la fois personnelle et sociale, l’amélioration continue, non seulement de notre condition, mais aussi et surtout de notre nature, autant que le comporte, à tous égards, l’ensemble des lois réelles, extérieures ou intérieures. Érigeant ainsi la notion du progrès en dogme vraiment fondamental de la sagesse humaine, soit pratique, soit théorique, elle lui imprime le caractère le plus noble en même temps que le plus complet, en représentant toujours le second genre de