Page:Comte - Discours sur l’esprit positif.djvu/79

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perfectionnement comme supérieur au premier. D’une part, en effet, l’action de l’Humanité sur le monde extérieur dépendant surtout des dispositions de l’agent, leur amélioration doit constituer notre principale ressource : d’autre part, les phénomènes humains, individuels ou collectifs, étant de tous, les plus modifiables, c’est envers eux que notre intervention rationnelle comporte naturellement la plus vaste efficacité. Le dogme du progrès ne peut donc devenir suffisamment philosophique que d’après une exacte appréciation générale de ce qui constitue surtout cette amélioration continue de la progression humaine. Or, à cet égard, l’ensemble de la philosophie positive démontre pleinement, comme on peut le voir dans l’ouvrage indiqué au début de ce Discours, que ce perfectionnement consiste essentiellement, soit pour l’individu, soit pour l’espèce, à faire de plus en plus prévaloir les éminents attributs qui distinguent le plus notre humanité de la simple animalité, c’est-à-dire, d’une part l’intelligence, d’une autre part la sociabilité, facultés naturellement solidaires, qui se servent mutuellement de moyen et de but. Quoique le cours spontané de l’évolution humaine, personnelle ou sociale, développe toujours leur commune influence, leur ascendant combiné ne saurait pourtant parvenir au point d’empêcher que notre principale activité ne dérive habituellement des penchants intérieurs, que notre constitution réelle rend nécessairement beaucoup plus énergique. Ainsi, cette idéale prépondérance de notre humanité sur notre animalité remplit naturellement les conditions essentielles d’un vrai type philosophique, en caractérisant une limite déterminée, dont tous nos efforts doivent nous rapprocher