Page:Conan - Angéline de Montbrun, 1919.djvu/212

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compris, et ensuite je demandai à voir Maurice.

— Il viendra, dit le docteur, qui tenait ma main dans la sienne, il viendra, si vous consentez à boire ceci et à laisser donner de la lumière.

Malgré l’affreux dégoût, j’avalai ce qu’il me présentait. On ouvrit les volets, et je tenais ma figure cachée dans les oreillers, pour ne pas voir la lumière du soleil qui me faisait horreur, parce que mon père ne la verrait plus jamais.

Maurice vint, et à genoux à côté de mon lit, il me parla, il me dit de ces paroles qu’aujourd’hui il chercherait en vain. Il me supplia de le regarder, et je ne pus résister à son désir.

— Ô ma pauvre enfant ! ô ma chère aimée ! gémit-il en apercevant mon visage.

Le sien était brûlé de larmes. Mina me parut aussi bien changée. Ils étaient tous deux en grand deuil, et je ne puis me reporter à cette heure, sans un attendrissement qui me fait tout oublier. Alors je sentais nos âmes inexprimablement unies. Je me sentais aimée — aimée avec cette infinie