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ÉLISABETH SETON


18 mars.

« Votre sœur vient d’être longtemps hors d’état de tenir sa plume. Le jour même où Anna quittait le lit, je tombai malade à mon tour. Oh ! la patience et la bonté plus qu’humaines de ces chers Filicchi. Vous eussiez dit qu’ils recevaient Notre-Seigneur lui-même en notre personne, nous, étrangères, pauvres et malades ! Maintenant me voici en état de quitter ma chambre, après une maladie qui a duré vingt jours, le même temps qu’avait duré la maladie d’Anna…

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« Ce soir, j’étais assise auprès de ma croisée ; la lune éclairait de tous ses rayons le visage d’Antonio Filicchi. Il a levé les yeux au ciel, et il m’a appris faire le signe de la croix. Très chère Rébecca, je suis demeurée immobile et comme anéantie sous l’impression de respect que m’a causée ce premier signe de croix… Le signe de la croix sur moi !… Il a fait naître en mon cœur je ne sais quel ardent désir de m’unir à Celui qui mourut sur ce bois, et de voir ce jour, le dernier des jours, où il portera sa croix en triomphe…

« Est-il jamais venu à votre pensée, ma très chère, que la lettre T, dont l’ange doit nous marquer au front, a la forme d’une croix ? La religion catholique est remplie de ces symboles ; je trouve qu’ils ont un intérêt si touchant ! Ah ! Rébecca, ils croient que toutes nos actions, que toutes nos souffrances, peuvent, nous servir d’expiation, si nous les offrons pour nos péchés. »

« Je tiendrai donc encore mes chers petits enfants contre mon cœur. Père céleste, quel moment que celui-là ! mes enfants chéris, mes enfants qui n’ont plus de père ! des orphelins aux yeux du monde ; mais de riches enfants en Dieu leur Père ; car il ne nous abandonnera jamais. »

« Je suis allée à la tombe de mon cher William, et j’y ai