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ÉLISABETH SETON

longtemps pleuré de toute mon âme, dans une émotion de tendresse inexprimable, mêlant le souvenir de ses dernières souffrances au souvenir de notre passé et de nos heureuses années. Il me semblait que je l’aimais plus qu’on ne peut aimer sur terre. Quand vous lirez tout ce que j’ai écrit pour vous, depuis mon départ de New-York, vous comprendrez quel a été mon amour ; et vous reconnaîtrez qu’il ne pouvait trouver de secours qu’en Dieu seul, à travers tant d’épreuves auxquelles il a été soumis. »

« Ô joie ! ô joie ! nous allons partir ! C’est un capitaine Blagg qui va nous conduire en Amérique ; mais imaginez-vous la bonté de M. Filicchi ? Comme ce capitaine est un très jeune homme et un étranger, et que nous aurons pendant le voyage beaucoup de risques à courir à cause des pirates et des croisières’ennemies, M. Filicchi nous accompagnera. Il y a longtemps qu’il pensait à faire ce voyage à cause de ses affaires. Anna est folle de joie ; pourtant elle me dit tout bas, bien souvent : « Maman, est-ce qu’il n’y a pas des catholiques en Amérique ? Maman, est-ce que nous irons à l’église quand nous serons revenues chez nous ? » Petite chérie ! elle est sortie en ce moment pour aller visiter quelque sanctuaire avec les enfants de Mme Filicchi et leur gouvernante. Croiriez-vous que chaque fois que nous sortons pour la promenade, nous allons d’abord à quelque église ou chapelle de couvent que nous trouvons sur notre chemin ? Nous les reconnaissons de loin à la croix qui les surmonte ; nous y faisons une petite prière, et nous poursuivons. Ici, les hommes, comme les femmes, visitent ainsi les églises ; vous savez, chez nous, un homme aurait honte si on le voyait à genoux, surtout un autre jour que le dimanche. Oh ! ma chère !… mais je vous verrai bientôt. Encore deux jours, et nous partons pour revenir vers vous. »