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ÉLISABETH SETON

même à nous. Avec quelle ardeur je désirais d’être à Lui ! Comme de grand cœur j’aurais affronté tous les chagrins qui m’attendent, pour obtenir de participer à ce corps sacré et à ce sang précieux ! Mon Seigneur ! Mon Sauveur ! Antonio et, sa femme ! Leurs adieux ! leur séparation et leur communion en Dieu !… pauvre créature que je suis ! Mais quoi ! ne lui ai-je pas demandé de me donner leur foi ?… Ne lui ai-je pas tout offert en retour pour un tel don ?… La petite Anna et moi, nous avions d’étranges larmes de joie et de tristesse. Mon Dieu, épargnez-moi, ayez pitié de moi ! »


8 avril. — Continué à bord du Fiammingo.

« Quand nous rentrâmes à la maison, nos cœurs étaient agités de mille impressions différentes. Pour moi, j’étais partagée entre la douleur de dire adieu à ces incomparables amis et à leurs chers anges que j’aime si tendrement, et la joie de m’embarquer de nouveau pour revenir vers vous. Nous étions tous sur le balcon. Tandis que j’embrassais la chère Amabilia pour la dernière fois, le soleil parut à l’orient dans toute la gloire de ses rayons, et nos pensées s’élevèrent vers l’heure où le Soleil de justice se lèvera et nous réunira dans l’éternité.

« Le dernier signal était donné, le batelier nous attendait… Les derniers vœux et les adieux de Filippo, couronnement de ce qu’il a toujours été, le plus véritable ami. »


À bord du Fiammingo, 8 avril 1804.

« À huit heures, j’étais paisiblement assise sur le pont, avec la petite Anna et le cher Antonio. L’ancre était levée ; le cri chantant des matelots, le cher Yo ! Yo ! se faisait entendre de toutes parts. J’ai senti se réveiller en moi le souvenir du 3 octobre de l’an passé, accompagné d’une douleur, si poignante, que je ne croyais pas possible de la sup-