Page:Conan - Elisabeth Seton, 1903.djvu/74

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
76
ÉLISABETH SETON

Cependant la lutte se continuait dans l’âme d’Élisabeth. Le 19 décembre 1804, elle écrivait à Mme Antonio Filicchi :


« Le croiriez-vous, Amabilia ? dans le désespoir de mon cœur, je suis allée dimanche dernier à l’église de Saint-Georges. Une église anglicane. L’angoisse qui me torturait était si pressante, que je me suis adressée droit à Dieu, et je lui ai dit : « Puisque je ne puis découvrir la voie qui vous plaît davantage, à vous, à qui seul je désire plaire, tout au monde m’est indifférent. Jusqu’à ce que vous m’ayez montré la voie dans laquelle vous voulez que je marche, je continuerai à me traîner dans le sentier où vous avez permis que je sois née ; et même j’irai de nouveau au sacrement où j’avais coutume de vous trouver autrefois. » — J’y allai en effet ; et ma bonne vieille Mary se trouva bien heureuse quand je lui demandai de veiller sur mes enfants à ma place jusqu’à mon retour. Mais si je quittai la maison protestante, j’y revins catholique, à ce que je crois, puisque j’y revins avec la résolution de ne plus retourner chez les protestants, m’étant sentie infiniment plus troublée que je n’aurais jamais imaginé pouvoir l’être. Je l’avais été à un tel point, qu’inclinant mon cœur devant l’évêque pour recevoir son absolution, qu’il donne publiquement, et à tous ceux qui sont présents dans l’église, je n’avais pas senti la moindre foi en ses prières. J’aurais préféré cent fois entendre la formule apostolique pour la rémission de mes péchés ; cette formule dont ils ne veulent plus, et même qu’ils repoussent, à ce que je vois, d’après les livres de M. Hobart.


« J’allai tremblante à la communion, à demi-morte de ma lutte intérieure. Lorsque j’entendis ces mots : Le corps et le sang du Christ ! oh ! Amabilia, il n’y a point de paroles pour dire le supplice où je fus ! Je me souvins que dans les éditions précédentes de mon livre de prières, du temps que j’étais enfant, on n’enseignait pas comme aujourd’hui, qu’on reçoit le sacrement spirituellement… Revenue chez