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SAINT FRANÇOIS SOLANO

il avait abandonné son œuvre et était retourné en Espagne.

Le P. Solano ne reconnaissait point d’obstacles insurmontables. De lui-même, il n’attendait rien, mais de la prière, il attendait tout.

Il s’adressa à Jésus-Christ. Humblement prosterné devant l’autel de la mission, ou à genoux les bras en croix, il pria, il pleura. Puis il se mit à l’œuvre, allant de tribu en tribu, de cabane en cabane.

Et le Seigneur glorifia son nom déshonoré parmi ces peuples ; il rendit témoignage à son envoyé, et, dans la messe de sa fête, l’Église fait dire à saint François Solano les paroles de saint Paul aux Corinthiens : « Je vous ai donné des preuves de mon apostolat par une patience invincible, par les miracles, les prodiges et les effets extraordinaires de la puissance divine ».

Dans l’Amérique méridionale, chaque tribu avait son idiome propre, distinct. Il plut à Dieu de donner au P. Solano une connaissance admirable de ces langues très nombreuses et très difficiles. Il les parlait mieux que les naturels eux-mêmes, et cela plongeait les Indiens dans l’étonnement le plus profond.

Le bruit de ce prodige se répandit parmi les sauvages, et bientôt on vint de tous côtés voir l’étranger qui parlait toutes les langues, qui disait à chacun, en son propre idiome, des choses si merveilleuses du Grand Esprit et de l’autre vie.

Le P. Solano les accueillait avec une bonté ardente et pleine de joie.

Tous subissaient son charme céleste. Les pauvres Indiens sentaient que ce missionnaire était pour eux plus qu’un ami, plus même qu’un père. Il leur inspirait à tous une confiance irrésistible, absolue. Lui méprisait l’or…

Le Saint s’insinuait si bien dans l’esprit de ces sauvages qu’ils quittaient tout pour courir à ses instructions. Jamais ils ne se lassaient de l’écouter et lui — le sublime contemplatif — était toujours prêt à leur expliquer les rudiments de la foi.

Sa douceur d’ange ravissait ses néophytes. Son