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SAINT FRANÇOIS SOLANO

partout, et à Lima, comme autrefois à Ninive, la pénitence fut générale, publique, éclatante.

D’ordinaire, les sermons du P. Solano n’étaient que des cris d’amour : « Oh ! que Dieu est aimable !… qu’il est doux !… qu’il est suave !… qu’il est digne d’être aimé » !…

Il ne prêchait pas seulement dans les églises et les places publiques, mais partout. Un jour, il entra dans un théâtre bondé de spectateurs et y prêcha la Passion. Il avait la flamme intérieure, cette folie d’amour qui ravit l’humanité, et tout l’auditoire pleura en écoutant le récit des souffrances du Christ.

Une j oie divine l’inondait toujours devant le S. Sacrement. Son visage resplendissait souvent d’une lumière si vive qu’on n’en pouvait soutenir l’éclat et, plusieurs fois, on le vit, en extase, s’élever de terre comme une pure flamme. Le vice-roi venait souvent servir sa messe, ce qui le laissait, disait-il, pénétré de bonheur.

La conscience humaine n’avait point de secrets pour le P. Solano et, dans ce pays de l’or, où l’on disait que tous les vices de l’ancien monde avaient émigré, il donna bien souvent des preuves étonnantes de sa pénétration des âmes. Jamais confesseur ne sut mieux éclairer, relever, fortifier et consoler.

Mais les immenses bénédictions répandues sur son ministère ne lui firent point oublier ses Indiens. Toujours il regretta ses missions et les splendeurs sauvages des forêts vierges.

Au mois de mai 1610, des maladies cruelles le clouèrent au lit.

Devant lui, il fit placer la Croix, son amour et ses délices, et les plus extrêmes souffrances n’altérèrent point la mâle vigueur de son âme.

Fidèle à sa glorieuse habitude de souffrir pour Dieu, il le remerciait de ce qu’il lui venait en aide pour mortifier son corps, ce que la maladie ne lui permettait plus de faire, et, on l’entendait dire à son corps : « Ah ! c’est en vain que tu attends ici-bas du repos ».

Il se faisait souvent lire la Passion de Notre-Seigneur selon saint Jean qui en a été le témoin. Lors-