qu’on en venait au crucifiement, il ressentait toujours une émotion poignante. S’adressant à son Christ, il le remerciait, le bénissait d’avoir voulu tant souffrir pour lui — misérable pécheur.
Les soins les plus tendres lui étaient prodigués. Et lui, qui avait tant désiré le martyre, s’en plaignait à Jésus-Christ : « Ô mon Seigneur, lui disait-il, vous êtes crucifié, nu et outragé sur la croix… et moi je suis comblé de douceurs, accablé de tous les soins »… Il annonça qu’il mourrait le jour de la fête de saint Bonaventure, son frère de prédilection.
Encore qu’on fût en hiver au Pérou, les oiseaux qu’il avait tant aimés se pressaient aux fenêtres de l’infirmerie et leurs doux chants, réjouissaient le malade..
Baigné de larmes de tendresse, il ne se lassait pas de répéter la prière de sa vie : Que Dieu soit glorifié !
Le ravissement l’enlevait souvent à la souffrance. La dernière nuit de sa vie se passa tout entière dans l’extase. En revenant à lui, il dit à ses frères, dans un doux transport : Lælatus sum in his quæ dicta sunt mihi : in domum Domini ibimus, « Je me suis réjoui dans cette parole qui m’a été dite : nous irons dans la maison du Seigneur ».
À l’un des infirmiers qui se recommandait à ses prières, il répondit : « Je suis un vil pécheur, mais par les mérites de Jésus-Christ, je m’en vais en paradis et je vous promets que vous y aurez un ami ».
Son cœur se fondait de délices et, aux approches de la mort, une vie miraculeuse se répandit dans son corps très pur, héroïquement immolé. Ce corps, sec comme une vieille racine, prit de la chair, et un parfum d’une suavité céleste s’en exhala. Ses mains contractées par les douleurs se redressèrent et s’assouplirent. Tous les ravages de la souffrance et du temps s’effacèrent. Le visage, brûlé par le soleil péruvien, devint très blanc et tellement beau que ceux qui entouraient le saint ne croyaient plus voir un mourant, mais un ressuscité, un bienheureux déjà investi de la lumière de gloire.