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SAINTE CATHERINE DE SIENNE

SAINTE CATHERINE DE SIENNE


À l’exception de Jeanne d’Arc, la merveilleuse héroïne de tous les temps, jamais femme n’a reçu une mission plus extraordinaire que Catherine Benincasa, la fille d’un teinturier de Sienne.

Sa vie est un vrai miracle historique, et, sur les ombres épaisses du XIVe siècle, sa figure virginale se détache éblouissante.

Aux jours les plus sombres, les plus orageux de l’Église, Catherine a été la messagère du ciel, la zélatrice ardente de la réforme ecclésiastique ; alors que, suivant son énergique expression, tout était corrompu et qu’on ne trouvait à reposer sa tête qu’en Jésus Crucifié, elle a été le ferme appui, le guide inspiré de la papauté.

Fait étonnant, unique dans l’histoire ! Grégoire XI et Urbain VI la conduisirent en plein consistoire et lui commandèrent d’adresser la parole aux cardinaux, ce qu’elle fit avec une éloquence céleste, dénonçant les abus, déplorant les scandales, flétrissant le luxe qui s’étalait sous ses yeux.

« Jamais homme n’a parlé ainsi, disaient les cardinaux ; ce n’est pas une femme, mais le Saint-Esprit qui parle »…

Sans cesse, elle exhortait les princes de l’Église, à faire l’œuvre de Dieu, sans avoir peur de rien. Que n’a-t-elle pas dit contre la crainte servile, le moins noble, suivant elle, des sentiments humains.

Cette jeune fille vraiment suave, qui aimait tant les enfants et les fleurs, avait au degré héroïque ce qui, d’après Lacordaire, manque le plus aux hommes de notre temps, la force.

« Très Saint Père, disait-elle tendrement à Grégoire XI, il faut vous entourer de conseillers qui ne craignent pas la mort »…

C’était l’époque la plus sanglante du moyen âge italien. Partout régnait l’anarchie. Les gouvernements passaient plus vite que les saisons ; ils nais-