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PHYSIONOMIES DE SAINTS

saient et mouraient suivant les vicissitudes de la guerre entre guelfes et gibelins d’une part, entre les nobles, les bourgeois et les Papolani de l’autre et toujours le sang coulait.

Catherine entendit les gémissements de sa patrie, de cette belle Italie devenue, selon l’expression du Dante, l’hôtellerie de douleur.

Les populations désespérées ne tendirent pas en vain leurs mains suppliantes, vers la bien-aimée du Christ.

Elle accepta la mission périlleuse de médiatrice de la paix et, en ces jours de haines implacables et de luttes fratricides, elle fut l’ange de la réconciliation et l’arbitre des peuples.

Accusée par ses concitoyens de conspirer en secret, elle répondit :

« Je dépense et je dépenserai ma vie à déraciner la haine du cœur des hommes ».

Trompée par de lâches mensonges, la populace de Florence se soulève un jour contre elle. Catherine écoute sans pâlir les clameurs terribles de l’émeute et, paisible, attend les forcenés qui la cherchent pour la tuer. À sa vue, le poignard tombe des mains de ces furieux et la sainte, pleurant amèrement parce qu’elle n’avait pas été jugée digne de mourir pour l’Église, disait en regardant sa blanche robe de dominicaine :

« Oh, qu’elle serait belle, si elle était teinte de sang » !

Cette inculte mystique, sans naissance, a été le plus fier caractère, le plus grand homme du xive siècle.

Âme vraiment noble, elle se recommandait aux prières afin d’être toujours prête à dire la vérité et à mourir pour elle.

Écrivant à un illustre prélat : « je vous en conjure, dit-elle, faites tous vos efforts pour ne pas mériter d’entendre un jour, cette dure parole de la Vérité Suprême qui vous jugera : « Soyez maudit parce que vous avez gardé le silence ».

À un autre, elle écrivait : « Ne craignez rien, agissez avec vigueur. Faites voir que vous êtes une colonne ferme qu’aucun vent ne saurait ébranler. Parlez