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pierre boucher

principal dépôt était là. Mais la grande traite se faisait aux Trois-Rivières.

Après la mort de Marguerie qui se noya avec Amyot, en traversant le fleuve, Pierre Boucher devint le premier interprète.

Aux alentours du fort, il y avait parfois un grand rassemblement de familles sauvages, retenues par la terreur qu’inspiraient les Iroquois. Les Français les protégeaient tant qu’ils pouvaient, mais les terribles Mohawks laissaient souvent aux Trois-Rivières de longues traînées sanglantes.

« Les Iroquois nous tiennent resserrés de si près, écrivait Pierre Boucher, qu’on ne peut labourer les champs et encore moins faire les foins, qu’en continuel péril, car ils dressent des embûches de tous côtés. »

Les secours de France toujours attendus n’arrivaient pas, mais les audacieux colons poursuivaient leur œuvre. « Lorsqu’on entend parler de quelque malheur arrivé de la part des Iroquois, écrivait Marie de l’Incarnation, chacun s’en veut aller en France, et en même temps, on se marie, on bâtit, le pays se multiplie, les terres se défrichent et tout le monde pense à s’établir. »

En 1651, Pierre Boucher fut nommé capitaine de milice. Il reçut les instructions suivantes :


« Ordre de M. D’Ailleboust, gouverneur, à M. Boucher, capitaine des habitants des Trois-Rivières.

« Il fera faire exercice le plus souvent qu’il pourra, soit pour tirer au blanc ou autrement.

« Il aura soin que chacun tienne ses armes en bon état et bien chargées de postes ou de balles.

« Il fera pour cet effet quelques fois visite par les maisons, afin d’empêcher que personne ne se défasse de ses armes sans congé exprès du gouverneur.