Page:Conan - Silhouettes canadiennes, 1917.djvu/137

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
135
pierre boucher

« Adieu donc, mes pauvres enfans pour un peu de tems, parce que j’espère que nous nous reverrons dans le Paradis, pour louer Dieu pendant toute l’éternité sans jamais être séparés. C’est là où nous nous entretiendrons cœur à cœur ; c’est pour cela que je conjure ceux qui ressentiront quelque affliction de notre séparation, de faire réflexion que ce n’est que pour peu de tems, et que nous nous réunirons bientôt ; d’ailleurs, que ne vous étant plus utile à rien, il ne se faut pas tant affliger ; la perte n’est pas grande. De plus, vous sçavez qu’il se faut tous séparer. Ainsi, je vous dis adieu, comme celui qui s’en va devant vous, vous attendre. Priez Dieu pour moi, je le feray pour vous. Comme je ne sçais quand je mourray, ni la manière, et que j’ignore si j’auray le tems de vous parler, c’est pour cela que je le fais icy, de crainte de ne pouvoir le faire dans ce tems-là. »

Pierre Boucher s’adresse ensuite à chacun des membres de sa famille :


« Je commence par vous, ma chère Femme :

« Je vous dis adieu. Souvenez-vous combien je vous ai aimée. Priez Dieu pour moi et songez à vous préparer à la mort. Vous êtes âgée et par conséquent, ne pouvez pas tarder à me suivre. D’ailleurs, il ne faut pas se laisser surprendre. Réparez par vos bons exemples, les mauvais que j’aydonnés.


« Et vous, mon fils de Boucherville :

« Je vous dis adieu. Ne vous affligez pas de notre séparation. Je dis aussi adieu à votre femme et à vos enfants. Priez tous le Seigneur pour moi, je le feray pour vous. Je vous recommande trois choses : 1o de vivre dans la crainte de Dieu ; 2o de continuer à y élever vos enfants ; 3o de vivre en