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silhouettes canadiennes

droite et noble, sa vue parfaite. Aucun Français ne voyait venir une chaloupe d’aussi loin.

Quand il arrivait à Port-Royal, après une absence un peu longue, il voulait qu’on le saluât de quelques coups de canon, comme le lieutenant-général du roi. Memberton avait la réputation de l’emporter sur tous les sauvages en finesse et en ruse. Il agit pourtant toujours loyalement avec les Français et son amitié leur fut précieuse. Mais l’œuvre de Port-Royal, sans cesse entravée par l’envie et par l’intrigue, devait aboutir à un lamentable désastre.

De Monts avait rendu de grands services à Henri iv pendant la ligue et comptait sur sa bienveillance. Les marchands de Rouen et de Saint-Malo finirent pourtant par l’emporter et le roi lui retira le monopole du commerce des fourrures. Dépouillé de son privilège, M. de Monts se trouvait dans l’impuissance absolue de poursuivre son entreprise. Il délia ses hommes de leurs engagements et tous s’embarquèrent pour la France. Les sauvages en pleurs reconduisirent les Français jusqu’au vaisseau en les suppliant de revenir.

De Monts avait englouti à Port-Royal une grande partie de sa fortune. Ses mécomptes l’avaient dégoûté de l’Acadie et quand le roi, mieux inspiré, lui rendit le privilège de la traite, il passa tous ses droits à son associé Poutrincourt.

Celui-ci déploya une activité, une intelligence admirables. Au mois de mai 1610, il débarquait à Port-Royal avec une petite colonie. Le lendemain de son arrivée, Poutrincourt, dit Lescarbot, mit une partie de ses gens en besogne au labourage de la terre. Louis Hébert n’avait pas