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louis hébert

bitation construite, on aurait dû se mettre à cultiver. Il savait que la terre porte l’avenir en ses flancs, que c’est dans le sol surtout qu’un pays veut être aimé et servi. Et, le lendemain de son arrivée, d’un pied léger, il gravit, avec Champlain, le rude sentier de la montagne, afin d’examiner les alentours.

On sait que M. de Monts lui avait concédé dix arpents de terre, au lieu où il s’établirait. L’endroit qu’il choisit était au-dessus de l’Habitation. À travers les bois épais, un ruisseau[1] coulait non loin, clair et rapide, entre les mousses épaisses semées de fleurs. Cette belle eau pure dans le voisinage, c’était un avantage précieux, et le choix d’Hébert fut vite fait.

Avant tout, il fallait se loger ; et ouvriers et maçons se mirent avec entraînement à l’ouvrage. En attendant que sa maison[2] fut prête, Hébert, d’après une tradition de la famille, tendit sa tente sous un orme qui se dressait encore, il y a soixante-dix ans, au coin de la rue Sainte-Anne près de la Place d’Armes.

Champlain voyait avec une joie profonde s’élever cette maison. Elle lui apparaissait comme une fleur d’espérance sous le grand ciel bleu. Le jour où la famille s’y installa fut pour lui un heureux jour. Il y avait enfin un vrai foyer dans la Nouvelle-France…

  1. Au commencement du siècle dernier, ce ruisseau coulait encore dans la rue « La Fabrique ».
  2. « La maison de Louis Hébert, disait Ferland, fut le premier bâtiment élevé sur l’emplacement de la Haute-Ville. Elle devait être située entre la rue Sainte-Famille et la rue Couillard. » On sait aujourd’hui que la maison de notre premier colon était dans la grande allée du jardin du Séminaire, près de la porte. On en a trouvé les fondations. Cette maison avait trente-huit pieds de longueur sur dix-neuf de largeur et était en pierre.