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louis hébert

Louis Hébert fut inhumé dans le cimetière des Récollets, au pied de la grande croix. Lui-même l’avait demandé, dans une visite aux religieux, trois jours avant l’accident qui lui coûta la vie, « comme si Dieu, dit Sagard, lui eut donné un sentiment de sa mort prochaine[1]. »

Deux ans plus tard, en pleine paix, Québec, manquant de tout, tomba aux mains des Anglais. Presque tous les Français repassèrent en France. Mais Madame Hébert ne voulut pas y retourner. Comme Champlain, elle se refusait à croire le Canada perdu pour la France. Son cœur s’était raciné au sol. Elle ne voulut pas quitter le foyer que son mari avait construit, où, pour elle, quelque chose de lui habitait encore.

On sait qu’en 1632 le traité de Saint-Germain en Laye restitua le Canada à la France. De 1629 à 1632, les Anglais avaient presque tout ruiné à Québec. En arrivant, Champlain ne vit à la Basse-Ville qu’une pauvre masure et quelques misérables baraques. De l’Habitation, des magasins des différents corps de logis, il ne restait, d’après les Relations, « que des murailles de pierres toutes bouleversées ».

  1. En 1670, cet endroit du cimetière ayant été renversé, on trouva ses ossements enfermés dans un cercueil de cèdre. Le Père Valentin Le Roux, alors supérieur des Récollets, le fit tirer de cet endroit et le transporta solennellement dans la cave de la chapelle qu’il y avait fait bâtir. Et le corps de celui qui avait été la tige des premiers habitants est le premier dont les ossements reposent dans cette cave, avec ceux du Frère Pacifique Du Plessis. Madame Couillard, fille de Louis Hébert et veuve de Guillaume Couillard, voulut être présente à cette translation et s’y fit transporter. — Sagard : Histoire du Canada.