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marguerite bourgeoys

avait la soif du sacrifice, l’austère passion du renoncement entier. Dans les dépouillements elle ne voyait que les degrés par où l’on s’élance vers Dieu.

Sur le conseil de son confesseur, Marguerite fit des démarches pour entrer au Carmel, mais sa demande fut rejetée, et elle ne fut pas mieux accueillie chez les Clarisses.

Ces humiliations ne firent qu’enflammer sa ferveur, et loin de se reprendre au monde en se voyant repoussée du cloître, elle s’attacha irrévocablement à Dieu par les vœux de chasteté et de pauvreté.

Marguerite avait alors vingt-trois ans et était présidente d’une congrégation de jeunes filles qui avait pour directrice la supérieure des religieuses de Notre-Dame, Sœur Louise de Sainte-Marie, propre sœur de Maisonneuve.

Cette dame avait été ravie de voir son frère se sacrifier à la fondation de Ville-Marie. Elle désirait passionnément aller partager ses périls et ses travaux ; quand les besoins de sa colonie rappelaient Maisonneuve en France, elle le pressait fort de l’emmener à Montréal, avec trois ou quatre de ses religieuses.

Maisonneuve remettait à plus tard ces enthousiastes, et, pour leur adoucir ses refus, il avait accepté comme gage d’entente, une image de la Vierge autour de laquelle Sœur Louise avait écrit en lettres d’or :

Sainte Mère de Dieu, pure, au cœur loyal,
Gardez-nous une place en votre Montréal.

Les religieuses, qui rêvaient du martyre, comptaient donc