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Sur cette terre de Ville-Marie, sacrée par tant de vertus, par tant d’héroïsme, la douce femme se consuma de labeurs. Là, elle fonda la Congrégation de Notre-Dame qu’on a parfois appelée une famille d’anges.

C’est la première communauté qui se soit formée chez nous et pour le Canada tout entier, chacun sait qu’elle fut et qu’elle est un immense bienfait, une grâce inestimable.

On ne saurait dire l’importance de la mission de la Sœur Bourgeoys. Son action a été prodigieusement féconde et de sa vie très sainte rayonneront à jamais les enseignements les plus élevés, les plus fortifiants.

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Marguerite Bourgeoys naquit à Troyes, en Champagne, le 17 avril 1620.

Sa famille était de condition médiocre et ni riche ni pauvre. Dès ses premières années, d’après ses historiens, Marguerite montra des dispositions fort remarquables. Douée de la plus heureuse facilité, elle était ardente et constante au travail. L’application, l’effort semblait ne lui rien coûter. Son adresse à toutes choses était singulière et elle avait le don inné — on pourrait dire la passion — d’enseigner.

Dès l’âge de dix ans, elle se plaisait à réunir ses petites compagnes pour les faire travailler et son ascendant sur ces enfants était incroyable.

Marguerite n’avait que douze ans lorsqu’elle perdit son excellente mère. Mais sa raison était si au-dessus de son âge, que son père n’hésita pas à lui confier l’éducation de ses deux plus jeunes enfants et la conduite de sa maison.

On ne connaît rien de cette partie de sa vie, mais on peut assurer que la fillette fut à la hauteur de ses graves devoirs, car l’humble Sœur Bourgeoys, si sévère pour elle-même, ne s’est jamais accusée d’y avoir manqué.