Page:Condillac - Essai sur l’origine des connaissances humaines, Mortier, 1746, tome 1.djvu/100

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elles ont trouvé de la nourriture : mais c’est que le sentiment de la faim est si fort lié avec les idées de ce lieu & du chemin qui y mène, que celles-ci se réveillent aussitôt qu’elles l’éprouvent. Ce n’est pas la mémoire qui les fait fuir devant les animaux qui leur font la guerre. Mais quelques-unes de leur espèce ayant été dévorées à leurs yeux, les cris dont, à ce spectacle, elles ont été frappées ont réveillé dans leur ame les sentimens de douleur dont ils sont les signes naturels ; & elles ont fui. Lorsque ces animaux reparoissent, ils retracent en elles les mêmes sentimens ; parce que, ces sentimens ayant été produits, la première fois, à leur occasion, la liaison est faite. Elles reprennent donc encore la fuite.

Quant à celles qui n’en auroient vu périr aucune de cette manière ; on peut, avec fondement, supposer que leur mère ou quelque autre les ont, dans les commencemens, engagées à fuir avec elles, en leur communiquant, par des cris, la